Temps de pose
Nantes, le 11 décembre 2016.
Il y a plus d’un an maintenant, j’ai lancé sur Nantes, une initiative appelée « Temps de pose ».
Ce projet étant terminé, je souhaite maintenant partager mon expérience, et ainsi éventuellement inspirer des démarches équivalentes.
L’idée
L’objectif principal était de piquer la curiosité des gens.
Je suis d’un naturel plutôt curieux et je me prête volontiers à des jeux urbains tels que la résolution d’énigmes ou encore plus simplement la photographie. Il me semblait donc intéressant de tenter d’organiser quelque chose moi aussi.
L’objectif secondaire était de mettre en avant le patrimoine historique nantais.
La ville a en effet été profondément modifiée au cours du siècle passé :
- par des bombardements lors de la seconde guerre ;
- par le comblement de la Loire et le détournement de l’Erdre ;
- et par d’autres projets urbains d’envergure, tels que celui réalisé sur l’île de Nantes.
On peut en prendre la mesure via de nombreuses cartes postales anciennes, véritables documents historiques qui retracent ces évolutions.
La réalisation
Ne souhaitant pas prendre de risques inutiles – j’y reviendrai plus loin – j’ai décidé d’axer mes premières recherches sur des œuvres du domaine public, disponibles sur Wikimédia, afin de n’enfreindre aucun droit d’auteur.
Après avoir sélectionné une photo que je juge pertinente pour le projet, je me rends sur le lieu supposé de sa prise de vue et j’apprécie les similitudes et les différences entre présent et passé.
Si le lieu présente bien un intérêt, j’en profite pour localiser un éventuel emplacement pour ma future affiche qu’il est temps d’aller imprimer.
Celle-ci est principalement composée d’un QR code, qui fera le lien vers la photo historique.
J’ai choisi d’imprimer le QR code sur du papier indéchirable, résistant aux agressions du temps et de l’eau, tout en permettant une impression via une simple imprimante (au prix d’une qualité sommaire). C’est ce papier que je colle ensuite à l’aide d’une simple bande de gaffer sur le pourtour.
J’espérais ainsi obtenir un affichage qui tiendrait éventuellement la semaine… Il s’est avéré que la plupart des affiches ont tenu plusieurs mois (quand elles n’étaient pas volontairement dégradées).
Je reste néanmoins prudent quand à la légalité de ma démarche : cette technique me permet de retirer si besoin l’affiche tout en ne laissant aucune trace. Ma « pollution visuelle » de l’espace public n’est donc que temporaire.
Sous chaque QR code, très peu d’informations. Simplement :
- une référence au compte Twitter créé pour l’occasion (qui me servait de journal de bord) ;
- la phrase que j’espère suffisamment accrocheuse « Même position, il y a 100 ans. »
Le passant un peu curieux qui découvre par hasard le QR code, peut donc le « flasher » et découvrir sur son téléphone la vue du même lieu quelques décennies auparavant.
Je m’amuse à penser que les QR codes font office de portes virtuelles éphémères pour remonter le temps.
Quelques-fois, il m’est nécessaire de réaliser des études complémentaires tant les lieux ont changé. J’ai documenté cela à travers de petits montages explicatifs, que je publie également sur le compte Twitter.
Accueil
J’ai posé quelques affiches en ville et le projet s’est fait connaître assez rapidement. Ce qui m’a motivé à continuer : une vingtaine d’affiches ont ainsi été posées en ville, parfois bien en dehors du centre-ville. L’accueil réservé à l’initiative a été très bon.
Malheureusement, le succès du projet s’est opéré essentiellement en ligne… Ce qui était l’inverse du but escompté. Je suppose que mes affiches n’attiraient pas suffisamment l’œil et je regrette de ne pas avoir investi dans du gaffer fluo, ce qui aurait rendu les affiches plus visibles. Je pense également que le QR code est d’une part encore méconnu du grand-public et d’autre part fortement associé à la publicité.
Sans compter la barrière technique du smartphone et de l’application ad hoc.
Communauté et initiatives similaires
Par la suite Nicolas Quennec, ayant pour projet de partager au plus grand nombre l’héritage photographique de son arrière-grand-père – et ayant découvert mon projet – m’a gentiment autorisé à utiliser la (très belle) collection de photos de Victor Girard.
Stéphane Pajot (journaliste et écrivain nantais bien connu) m’a également fait une bonne publicité en relayant mes tweets. Étant lui même grand amateur de cartes postales historiques et de Nantes, nos centres d’intérêts se rejoignaient. Il a d’ailleurs réalisé depuis, avec l’aide de la chaine d’information locale, de très intéressantes vidéos qui présentent différents morceaux d’histoire de la ville.
J’ai également découverte des projets similaires, tels que celui de Cédric Robergeaud, qui cherche également à mêler passé et présent à travers des prises de vues.
On trouve donc de nombreuses initiatives de ce type, proposant une comparaison immédiate entre passé et présent. Personnellement, et malgré la contrainte des QR codes, j’ai trouvé intéressant d’offrir quelque chose de moins direct, de plus éphémère, et qui se voulait peut-être un peu plus ludique.
Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas en tout cas à continuer l’aventure :
- sur le site posthume de Victor Girard ;
- via le hashtag #egaredanslesdates sur le Twitter de Stéphane Pajot ;
- à travers les vidéos « Nantes à la carte » publiées par Télénantes ;
- grâce aux belles photos de RétroVille ;
- en relisant les archives du compte Twitter dédié au projet.
N’hésitez pas également à me poser d’éventuelles questions supplémentaires. Je serai ravi de voir le projet renaître sous une nouvelle forme ailleurs.
Vincent.